Je suis de retour au local. Il est tard.
Les choses ont changé. Et pas dans le bon sens.
Vers 20 h le mistral s'est levé. Et le feu qui semblait presque eteint s'est remis a flamber de plus belle, se dirigeant, cette fois-ci vers le fort. La nuit tombant, plus de canadairs mais une concentration de pompiers appelés en renfort.
Vers 00h00 la situation s'est très nettement agravée. Sur France info, ils parlent de 50 hectares brulés mais ils semblerait que ces infos datent un petit peu. C'est devenu vraiment un très gros incendie, menacant des maisons. Tout un quartier de Carqueiranne a été évacué et les gens relogés dans le gymnase.
Après un repas passé dans un restaurant près du port avec une grosse partie de l'équipe à l'humeur maussade, je suis parti vers minuit avec le regisseur général. Nous nous sommes arrêtés sur une hauteur. Et de là nous contemplons le désastre, complètement impuissants, mais incapables d'aller nous coucher.
Une faible lumière localise le fort et nous restons là a regarder les flammes s'en rapprocher, plein d'espoir parfois et de terreur d'autres fois suivant les caprices du vent.
Je n'arrive pas a décrocher et je reste là, assis sur mon duvet, à attendre, je ne sais plus quoi.
Il est maintenant 3h, le mistral souffle toujours par petites bourrasques mais, semble-t-il vers la mer, menaçant d'autres habitations.
Je suis triste de ce désastre, je suis triste de ce coup du sort.
Je n'en suis même plus à me demander si je vais pouvoir jouer ma pièce, mais plutôt si le fort, MON fort et tout ce qu'il représente à mes yeux, ne va pas disparaître.
Je suis fatigué, je voudrais dormir.
Mais pas encore.
Pas encore.
Pas encore.